20/10/2010

Un paradoxe sanitaire à Bruxelles ?

La situation sanitaire de Bruxelles est grave. A moins que ? Les Etats généraux de Bruxelles indiquent que l’espérance de vie des Bruxellois est inférieure d’un an et demi par rapport à la moyenne belge, et ceci alors que Bruxelles a une population très jeune. Cela vient-il de la pollution ? Cela vient-il de l’isolement des gens en ville ? A un mode de vie malsain ?

Une étude de l’Observatoire royal du Bien-être et de la Santé jette une lumière intéressante sur cette question. Elle fait apparaître que les communes souffrant d’un faible niveau socioéconomique (p.ex. Molenbeek, Anderlecht, Saint-Gilles, Saint-Jost-ten-Node, avec de fortes populations d’origine turque ou maghrébine) et avec un faible niveau de scolarisation de leurs citoyens – hommes comme femmes – présentent une prévalence supérieure de diabètes, de maladies cardiovasculaires et de cancers. C’est bien connu : la pauvreté, les conditions de vie précaires, une scolarisation faible vont de pair avec une mauvaise santé et un longévité amoindrie ou, comme il a été dit avec un certain cynisme : « si vous êtes pauvre et que vous vivez mal, pourquoi vouloir vivre longtemps ? »

Mais l’étude de l’Observatoire révèle un paradoxe : les habitants d’origine maghrébine et turque, justement, ont un mode de vie sain. Car Ils mangent plus de légumes et de fruits, ils boivent peu d’alcool. Alors pourquoi ne sont-ils pas en meilleure santé ?

J’estime qu’il faut analyser les statistiques de cette étude plus en profondeur afin de comprendre les véritables causes des problèmes de santé. Tout d’abord, il convient de constater si les habitudes alimentaires sont effectivement tellement bonnes. Ou y a-t-il quand même trop de sucre dans le thé à la menthe et dans les excellents desserts marocains ? Mange-t-on trop de durums dans les snacks ? En outre il faut dresser le profil pathologique de ces communautés. Peut-être par le moyen d’une étude statistique des achats de médicaments dans les pharmacies de quartiers correspondants ?

Ensuite il faudra croiser les profils pathologiques et les habitudes alimentaires, et le coût correspondant pour la sécurité sociale. S’il devait apparaître que les habitudes alimentaires sont efficientes mais qu’elles ne peuvent empêcher un nombre de maladies plus élevé que la moyenne, alors on pourra rechercher la cause du mal dans les conditions de vie ou dans la pollution. Et si les habitudes alimentaires ne sont pas bonnes, alors Bruxelles se trouve face à un véritable défi. Mesdames et Messieurs les Ministres, vous réclamez de l’enseignement et du travail pour les Bruxellois. Je vous en conjure : ajoutez-y la santé !

traduction par Max Debrouwer

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